Pratiques de jachère et dispositifs d’appui en production bananière guadeloupéenne

Practices of follow and support plans in banana production of Guadeloupe.

Cirad, station de Neufchâteau, Sainte-Marie, 97130 Capesterre Belle Eau, FWI, France

Auteur de correspondance : muriel.bonin@cirad.fr

Reçu : 11 Janvier 2004
Accepté : 27 Octobre 2005

Résumé

Introduction. Aux Antilles, l’introduction de la jachère, dont l’utilité dans la maîtrise du parasitisme tellurique est avérée, est à l’ordre du jour du fait de l’explosion du parasitisme lié à la monoculture bananière. Comme cette pratique est soutenue par la recherche et les pouvoirs publics, l’étude entreprise a eu pour but d’analyser les écarts entre les préconisations portées par un dispositif institutionnel et les pratiques des agriculteurs afin d’identifier à quelles conditions les pratiques de jachère peuvent être mises en place. Méthodologie. Les déterminants et fonctions attribués aux jachères ainsi que les freins ont été abordés à partir d’enquêtes auprès d’exploitants. Celles-ci ont permis de recueillir entre autres les variables nécessaires à la caractérisation des règles de décision en matière de gestion des assolements et de contraintes endogènes à l’exploitation. Le choix des exploitations enquêtées nous a conduits à étudier les pratiques de jachères dans le cadre d’une typologie d’exploitation distinguant, parmi 42 exploitations étudiées, les types, « Diversifié », « Bananier familial » et « Bananier entrepreneurial ». Ces types sont représentatifs des exploitations de moins de 20 ha. Le cas de la jachère en Guadeloupe. Les résultats ont montré que la jachère est présente chez plus de la moitié des exploitants enquêtés. Sa situation varie avec les types d’exploitation ; elle est soit subie, soit intégrée dans les systèmes de culture. Les modes de conduites sont fonctions des objectifs des exploitants : assainissement, pâturage, gestion de la trésorerie, etc. Les freins au développement des jachères sont nombreux : manque de surface, difficulté de raisonner à long terme, manque à gagner sur une terre qui ne « produit » pas, etc. Cependant les calculs économiques sur des systèmes de culture incluant la jachère montrent que leurs marges brutes sont supérieures à celles trouvées pour des bananeraies continues et pérennes. La principale contrainte est rencontrée au moment du changement de système cultural lorsque l’exploitant doit faire face à une terre qui ne procurera un supplément de rendement que deux ans plus tard. Discussion et conclusion. Notre étude a mis en évidence que la multiplicité des pratiques de jachère, pertinentes au regard des objectifs des exploitants, n’est qu’en partie prise en compte dans les dispositifs institutionnels existants. Cela appelle une diversification des référentiels techniques.

Abstract

Introduction. In the Antilles, the introduction of fallow periods, whose utility in the control of telluric parasitism is proven, is on the agenda because of the parasitism explosion related to banana monoculture. As this practice is supported by research and the authorities, the purpose of the study undertaken was to analyze the differences between the recommendations set out by an institutional plan and farmers’ practices in order to identify in which conditions fallow periods can be installed. Methods. The determinants and functions allotted to the fallow as well as the disincentives were approached starting with investigations concerning farmers. These made it possible to collect among other things the variables necessary for the characterization of the decision rules as regards crop allocation in farm land and endogenous exploitation constraints. The choice of the surveyed exploitations led us to study the practices of fallow within the framework of a typology distinguishing, among 42 exploitations studied, the types, “Diversified”, “Banana exploitations family” and “Banana entrepreneurial”. These types are representative of the exploitations of less than 20 ha. The case of the fallow period in Guadeloupe. The results showed that the fallow period is used by more than half of the surveyed farmers. Its situation varies with the exploitation type; it is either undergone, or integrated into the farming systems. The management systems are functions of the farmers’ objectives: sanitation, pasture, cash management, etc. Disincentives of the fallow development are numerous: landlessness, difficulty in reasoning in the long term, loss of earnings on a land which “does not produce”, etc. However, economic calculations on farming systems including fallows show that their gross margins are higher than in continuous and perennial banana plantations. The principal constraint is met at the time of the change of regime when the owner must face a land which will get an output supplement only later, in two years. Discussion and conclusion. Our study highlighted that the multiplicity of the fallow practices, relevant for the owners’ objectives, is only partly taken into account in the existing institutional devices. This calls for a diversification of the technical reference benchmarks.